Plus que de simples mauvais rêves: Le trouble des cauchemars

Écrit par : Pierre-Olivier Gaudreault, Ph.D. Psychologue spécialisé en médecine du sommeil à la Clinique HALEO.

Publié le : 24 mai 2024 | Temps de lecture : 🕐 2m

HALEO | Plus que de simples mauvais rêves: Le trouble des cauchemars
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Le sommeil est non seulement crucial pour préparer notre corps à affronter les tâches à venir dans notre prochain épisode d’éveil, mais il est également important pour traiter les émotions et consolider en mémoire nos apprentissages de la journée précédente. Cela signifie qu'il y a de nombreux processus très importants qui se déroulent dans notre cerveau la nuit. En d'autres termes, bien que notre corps soit allongé pour se reposer dans notre lit, notre cerveau est, lui, loin d'être au repos. 

Rêver est l'un de ces processus qui contribuent à la régulation de ce que nous avons appris et vécu émotionnellement au cours de la journée précédente.1

Permettez-moi une petite parenthèse. Certaines personnes se demandent peut-être si rêver est vraiment important, car elles ont l'impression de ne jamais rêver la nuit. Bien que ce soit souvent rapporté, cela a plutôt à voir avec le fait de ne pas se souvenir du contenu de nos rêves plutôt qu'avec l'absence de ce processus. Par exemple, nous sommes plus susceptibles de nous souvenir de nos rêves si nous nous réveillons d'un épisode de sommeil paradoxal que des autres stades du sommeil. 

 

Les cauchemars ne sont-ils que de mauvais rêves? 

Même si les cauchemars et les mauvais rêves ont tous deux un contenu fortement négatif, seul un cauchemar vous réveillera pendant la nuit. Plus précisément, les cauchemars sont des rêves bouleversants et émotionnellement intenses qui se produisent plus souvent dans la deuxième partie de la nuit, lorsque nous avons la majorité de notre sommeil paradoxal, le stade de sommeil associé aux rêves intenses.2 

Les cauchemars peuvent survenir occasionnellement chez n'importe qui, mais seules les occurrences fréquentes de cauchemars qui altèrent le sommeil et le fonctionnement diurne seront considérées comme un trouble du cauchemar. 

  

Cauchemars et santé mentale

Les cauchemars sont universels, mais leur prévalence est significativement plus élevée chez les personnes ayant une mauvaise qualité de sommeil, d'autres troubles du sommeil diagnostiqués, des symptômes dépressifs et anxieux, ainsi qu’un trouble de stress post-traumatique (TSPT). Revivre des traumatismes à travers des cauchemars fréquents et intenses maintient les symptômes du TSPT et peut même contribuer à d'autres troubles du sommeil tels que l'insomnie.3 

 

Les cauchemars ont-ils une fonction?

Il n’y a pas encore de consensus parmi les cliniciens et les chercheurs quant à l'utilité spécifique des cauchemars. Jusqu'à présent, les théories convergent sur l’implication de ces rêves angoissants qui perturbent le sommeil dans la régulation des émotions et le traitement de la mémoire. Cependant, seuls certains de nos cauchemars peuvent avoir cette fonction. Les cauchemars fréquents et intenses observés dans le TSPT suggèrent plutôt un processus dysfonctionnel qui doit être traité. 

 

Comment traiter le trouble des cauchemars? 

Les cauchemars occasionnels peuvent être angoissants pour certains et même gâcher une nuit de sommeil, mais ils sont toutefois considérés comme un phénomène normal. Cependant, avoir des cauchemars fréquents avec des impacts significatifs sur votre sommeil, votre humeur et vos activités quotidiennes doit être traité. Chez HALEO, nous proposons un programme de psychothérapie spécifique basé sur la thérapie de répétition par l’imagerie mentale (RIM) et la thérapie cognitivo-comportementale de l'insomnie (TCC-I), qui est considérée comme la meilleure pratique pour traiter le trouble du cauchemar.4 

D'autres stratégies peuvent être utilisées pour limiter la fréquence des cauchemars, notamment :

  • Demander à votre médecin et votre pharmacien les interactions potentielles entre les médicaments ainsi que leurs effets secondaires pouvant provoquer des cauchemars. 
  • Être attentif aux symptômes dépressifs et anxieux connus pour augmenter les risques de cauchemars et consulter un professionnel pour traiter toute condition de santé mentale. 
  • Adopter une hygiène de sommeil adéquate pour maintenir une bonne qualité de sommeil. Les changements importants dans notre routine de sommeil, comme la privation de sommeil, peuvent altérer la quantité de sommeil paradoxal, ce qui pourrait à son tour augmenter les risques de déclencher des cauchemars. 

Si votre cas est bénin, des changements d’habitudes de vie peuvent suffire à soulager vos symptômes. Vous pouvez, par exemple, adopter un programme d’exercices, réduire la consommation de certaines substances (caféine, nicotine, alcool), recourir à la massothérapie, obtenir des traitements d’acupuncture ou faire appel à la thérapie par la chaleur ou par le froid au moyen de bains, de bouteilles d’eau ou d’autres méthodes. Pour les cas plus sévères, des médicaments ou des suppléments de fer peuvent être prescrits1,3.

 

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Références:

  1. Cartwright, R., Luten, A., Young, M., Mercer, P., & Bears, M. (1998). Role of REM sleep and dream affect in overnight mood regulation: a study of normal volunteers. Psychiatry research, 81(1), 1–8. https://doi.org/10.1016/s0165-1781(98)00089-4.

  2. Stickgold, R., & Wamsley, E, J,. (2017). Why we dream. In Kryger, M. H., Roth, T., & Dement, W. C. (2017).  (Sixth edition). Elsevier.

    Principles and practice of sleep medicine
  3. Germain A. (2013). Sleep disturbances as the hallmark of PTSD: where are we now?. The American journal of psychiatry, 170(4), 372–382. https://doi.org/10.1176/appi.ajp.2012.12040432

    Aurora, R. N., Zak, R. S., Auerbach, S. H., Casey, K. R., Chowdhuri, S., Karippot, A., Maganti, R. K., Ramar, K., Kristo, D. A., Bista, S. R., Lamm, C. I., Morgenthaler, T. I., Standards of Practice Committee, & American Academy of Sleep Medicine (2010). Best practice guide for the treatment of nightmare disorder in adults. Journal of clinical sleep medicine : JCSM : official publication of the American Academy of Sleep Medicine, 6(4), 389–401. 

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