Le mois dernier à la 27e conférence de l'European Sleep Research Society, j'ai assisté à plusieurs présentations qui forment le futur de la médecine du sommeil. Plus bas, vous trouverez les tendances clés qui ont une importante implication clinique pour des prestataires de soins de la santé comme vous. Ces tendances soulignent le lien croissant entre la médecine du sommeil et les résultats des soins de la santé plus en général, y compris la santé mentale et la prévention des maladies chroniques.
Une étude longitudinale sur cinq ans (Chen et al., Université Laval, Canada) présentée à la conférence a révélé que l'insomnie exerce un plus grand effet sur le développement de la dépression que l'inverse. Cela ajoute aux preuves de plus en plus nombreuses qui remettent en cause l'opinion plus traditionnelle selon laquelle ce serait la dépression qui mènerait aux troubles du sommeil, surlignant l'importance d'identifier tôt l'insomnie et de la traiter pour prévenir les troubles de santé mentale qui pourraient survenir.
Les perturbations du rythme circadien sont de plus en plus reconnues comme un facteur majeur pour la santé métabolique. Les présentateurs (Mun et al., Institut de médecine de Corée, Corée du Sud) ont discuté de comment les données circadiennes dérivées des appareils portables de fitness peuvent être utilisées pour identifier les signes précoces du prédiabète et du diabète. En prenant en compte les perturbations des rythmes circadiens, les prestataires de soins de santé pourraient être en mesure d'intervenir plus tôt dans le développement des troubles et des maladies, offrant de nouvelles avenues pour la prévention et le traitement.
Même si la Thérapie Congnitivo-Comportementale pour l'Insomnie (TCC-I) est la première ligne de traitement pour l'insomnie autant pour les individus en santé que pour ceux avec des troubles de l'humeur et de l'anxiété, elle est rarement offerte aux patients hospitalisés en psychiatrie. De nouvelles évidences (Sheaves et al., Oxford, Royaume-Uni) montrent que la TCC-I réduit de façon significative le délai de sortie des patients psychiatriques qui souffrent de schizophrénie, de psychose et d'épisodes maniaques, mettant de l'avant son rôle en tant que puissante thérapie complémentaire dans les soins psychiatriques.
La TCC-I a aussi été utilisée avec succès chez le personnel soignant des individus âgés avec démence souffrant d'insomnie (Jackson et al., Université de Monash, Australie). Un meilleur sommeil pour la personne soignée mène à des bénéfices significatifs pour le personnel soignant, améliorant leur bien-être mental et physique. Cela renforce l'importance de prendre en compte la santé du sommeil pas seulement chez les patients, mais aussi chez ceux qui les supportent.
Un essai contrôlé aléatoire mené par Villeneuve et al. à l'Université Laval, au Canada, a évalué les effets du programme HALEO contre l'insomnie pour le travail aux horaires atypiques sur les pompiers et les policiers de la ville de Québec, des populations particulièrement vulnérables à l'insomnie en raison du travail par quarts rotatifs. Les participants, tous atteints d'insomnie allant du niveau subclinique au niveau sévère, ont été répartis au hasard en deux groupes : le groupe expérimental a reçu l'intervention TCC-I de HALEO, tandis que le groupe témoin a reçu du matériel psychoéducatif. L'étude a révélé des améliorations significatives de la gravité de l'insomnie et des symptômes dépressifs dans le groupe expérimental par rapport au groupe témoin. Ces résultats fournissent une validation indépendante des résultats cliniques de HALEO et soulignent l'efficacité de son programme de TCC-I dans l'amélioration du sommeil et de la santé mentale des travailleurs des services d'urgence effectuant des quarts de travail rotatifs.
Les résultats ont été publiés sous forme de résumé dans le Journal of Sleep Research, page 282.
J'ai eu le plaisir de présenter les résultats (Stenstrom et al., Canada) du programme TCC-I de HALEO pour 120 travailleurs de la santé canadiens souffrant d'insomnie clinique. Les résultats indiquent que cinq à six séances vidéos de 30 minutes dirigées par un thérapeute et soutenues par une application mobile ont permis de réduire de manière significative les symptômes d'insomnie, d'anxiété et de dépression, avec un taux d'achèvement de 90 %. De plus, 54 % des participants ont réduit ou cessé l'utilisation de somnifères. Ces résultats soulignent que des traitements de TCC-I courts, accessibles, virtuels et dirigés par un thérapeute, adaptés spécifiquement aux travailleurs de la santé, sont une option efficace pour améliorer à la fois le sommeil et la santé mentale dans cette population.
Les résultats ont été publiés sous forme de résumé dans le Journal of Sleep Research, page 276.
Vous pouvez consulter ici l'affiche que j'ai utilisée lors de ma présentation.